Il m’a fallu une fois encore énormément de recul sur ce défi afin d’en parler d’une manière qui me corresponde ! Vous l’avez sans doute compris depuis que vous me suivez : le sport pour le sport ne constitue pas mon principal moteur pour avancer ! Les messages humains derrière les aventures, voilà ma « carotte »! Alors, est-ce que l’angle utilisé pour ce petit résumé sera le plus approprié ? Je peux déjà vous affirmer le contraire ! Mais comme je le dis très clairement aux jeunes : « le meilleur chemin sera toujours le votre car c’est celui que vous avez décidé d’emprunter, que vous vous tracez et que vous assumez jusqu’au bout ! Peu importe si ce n’était pas le plus simple et rapide, le mieux balisé ou le plus adapté, vous l’avez choisi et façonné à votre image donc c’est le meilleur pour vous et vous seul ! » De la même manière, à mon diagnostic, j’avais beau avoir le meilleur entourage du monde et les meilleurs médecins du monde, tant que moi je n’avais pas décidé de reprendre ma vie en main, de redevenir acteur de mon existence, rien ni personne ne pouvait quelque chose pour moi… Depuis quelques années, j’essaie humblement de devenir l’exemple que j’aurai aimé avoir à mes débuts !
J’ai longtemps été le frein de la famille. On ne faisait pas les choses ensemble « à cause de moi » et soyons honnête, je ne faisais rien pour que ça s’arrange. Ça n’empêchait pas mes parents et mes sœurs de faire. Et heureusement !! Mais aujourd’hui, c’est l’aboutissement d’un projet commun né avec mes parents ! J’ai été cette fois-ci un moteur et ça change tout, autant la philosophie du périple que nos échanges au quotidien ! Ils ont, eux aussi, réalisé quelque chose qu’ils n’auraient pas imaginée sans ma maladie et mon parcours de vie… En passant à l’action, ils ont comblé le fossé qui existe entre penser en être capable et réellement essayer (et pourquoi pas y arriver) !
Troisième et dernière partie donc de notre découpage en fonction des gares de la Grande Traversée du Jura (GTJ), certainement la plus difficile entre Morez et Culoz. Quand on marche, tout comme lorsqu’on fait du vélo (ou un autre sport outdoor), ce n’est pas la distance le plus difficile, mais bien le dénivelé. Le « piou-piou » qui nous sert de cœur en bave en D+, les genoux en D-. Certains sont plus à l’aise en montée, d’autres en descente. Pour nous, ça n’a pas d’influence sur la logique de notre challenge : on s’est lancé ce défi à trois, on réussit à trois ou on arrête ensemble, quitte à découper notre GTJ en une 4e partie pour y parvenir. La performance, on s’en moque un peu, se lancer et persévérer est le symbole de notre victoire. On dispose pourtant d’un plan B avec une autre gare SNCF sur notre passage, on avisera ! Mais attention, le risque d’un plan B peut être alléchant quand on a déjà 120 km dans les pattes…
Encore une fois, j’ai douté : « Est-ce qu’on en est capable ? ». Mais finalement, si on était sûr et certain d’y arriver, le terme de « défi » n’est plus approprié et il faudrait que je renomme mon engagement « Les Balades d’Armand ». Je perdrais alors toute la notion de dépassement, l’essence même de ma motivation…
Je suis plutôt à l’aise en montant, il est beaucoup moins difficile d’y gérer mon équilibre. Mais je me sens de mieux en mieux dans les descentes au fil des années ! Observer son évolution a aussi le pouvoir de motiver, je ne m’empêche plus aucune rêverie tant qu’elle peut potentiellement me procurer du plaisir.
Au vu du dénivelé cumulé (positif et négatif), on se doit de rester ensemble pour accroitre l’effet de groupe et l’esprit d’équipe. Je déteste l’expression « quand on veut, on peut ». Comme si c’était aussi simple… Comme s’il suffisait de vouloir… Comme si on zappait la préparation physique, mentale, organisationnelle, logistique et j’en passe… Demandez-ça à un Teddy Riner, un Kevin Mayer ou un Thomas Pesquet (Vous avez là trois de mes exemples)… Nous serions tous incapables de résister à ne serait-ce qu’une journée de leurs entrainements drastiques et nécessaires… Une chose est pourtant certaine : il n’y a pas de possibilité sans volonté ! Tout le monde a ses coups de moins bien, moral ou physique, normal ! Tout le monde peut avoir besoin d’aide à un moment de sa vie, normal ! Le valide peut ainsi devenir aidé et la personne en situation de handicap possiblement aidante. Finalement, dans la vie, on est tous handicapé de quelque chose. Mon ami Géraud utilise une phrase que j’adore : « un valide, c’est un handicapé qui s’ignore »… Je vous invite à méditer là-dessus… J’apprends encore et encore de chaque expérience, j’essaye de créer les parallèles entre mes expériences et ma vie en société…. J’ai encore tant à découvrir, c’est ce qui rend la vie si alléchante à vivre ! Peu importe la longueur du chemin ou notre vitesse, arriver au bout à sa manière devrait être l’essentiel ! Les défis sportifs ne sont qu’une métaphore de la vie, mon moyen d’expression pour me faire passer des étapes et vous transmettre des messages qui me paraissent primordiaux.
Ce qu’on attend en haut d’une montée, c’est avant tout un point de vue. Sur 9 jours de marche, seulement 2 ou 3 heures de pluie, 1h de neige et un peu de vent glacial alors que la météo nous annonçait un calvaire humide. On a quand même eu de la chance… Beaucoup de randonneurs ont annulé en dernière minute leurs balades (dixit les hébergeurs) par peur de la météo. Si on attend que toutes les planètes soient alignées pour avancer, on ne va pas faire grand-chose de notre existence… En marchant, nous n’avons pas eu froid mais dès qu’on faisait une pause et que le vent soufflait, la transpiration nous glaçait le sang… J’en ai encore froid dans le dos…
La maladie m’a enlevé énormément de facultés mais m’a apporté tellement plus. C’est sur cet apport que j’ai choisi de me concentrer. L’urgence de vivre, c’est faire des choix à l’instant T ! Finalement, personne ne sait si demain ou dans quelques semaines/mois/années, nous serons en capacités de vivre telle ou telle expérience… Si vous cherchiez une raison de plus pour faire preuve d’humilité… Je ne suis absolument pas un pessimiste, au contraire, mais j’ai compris l’importance de vivre chaque jour !
Nous avons du coup eu beaucoup de brouillard, énormément de brouillard, une salade de brouillard avec supplément brouillard ! C’est le jeu. On a même renoncé à « la plus belle étape » de la GTJ qui nous devait nous amener sur les balcons du Léman. On y retournera bientôt sur un weekend ! On a alors suivi 26 km de route, au fond de la vallée plutôt que de grimper dans le froid et sans visibilité. La monotonie de l’étape et les douleurs engendrées par la marche sur le goudron nous ont presque fait regretter la grimpette aveugle et froide (j’abuse un petit peu). Cette étape très particulière nous a amené à 4km de la gare de Bellegarde-sur-Valserine, la tentation de la facilité est là… Nous verrons le lendemain de quelle manière nous récupèrerons ! Chaque jour après l’autre. Ne pas se projeter sur l’état dans lequel on va se lever le lendemain est un des enseignements de tous ces défis de plusieurs jours. On ne fait pas de plans sur la comète, on ne baisse pas les bras le soir au prétexte qu’on est cuit, on peut avoir une belle surprise sur la forme du lendemain !!
La diversité des paysages rencontrés, des milieux traversés (forêts, prairies, plaines, moyennes montagnes, rivières, vallons, plateaux, etc…) nous a permis d’avancer au-delà des difficultés. C’est dans la Nature que je me sens le mieux. J’y ai retrouvé mon équilibre (cf. Les précédents résumés) et je n’ai « plus qu’à » l’entretenir… ça parait si simple… D’ailleurs, ma vie d’aujourd’hui est simple, j’en ai même oublié comment je vivais avant la maladie, tous mes symptômes sont intégrés. Je suis heureux. Le serai-je sans ma maladie ? Je ne sais pas, je ne le saurai jamais et au fond peu importe ! Il m’a fallu du temps pour m’épanouir totalement à nouveau, tout le monde en est capable, à chacun sa méthode, ses moyens et ses objectifs. A chaque nouveau symptôme, j’ai cette même impression d’impuissance ! Mais aujourd’hui, j’ai compris et intégré que seul le temps pouvait nous aider, peu importe l’épreuve... Le cerveau est une machine et est capable de tout digérer à partir du moment où on lui laisse le loisir d’échouer ! En douter, c’est abréger sa vie. Si j’avais su et si cela avait été possible, je me serai même dévoué pour prendre cette maladie et protéger les autres,. Un peu plus d’un français sur 1000 en est atteint, c’est tombé sur moi, ça veut dire que j’étais capable de vivre avec. Je trouve mes solutions, j’avance ! Essayez d’appliquer cette méthode à vos problèmes ! Le travail et la persévérance pourront vous donner la possibilité d’aller au-delà de vos rêves.
Que serait un défi en pleine Nature sans se perdre ? Ou plutôt, se tromper de chemin alors qu’un panneau est là pour nous aider ? Ce genre de maladresse fait partie du jeu, c’est aussi pour ça que je ne veux pas prendre de GPS ! Savoir lire une carte est normalement amplement suffisant pour se repérer sur un GR. On apprend à utiliser des repères géographiques (rivières, villages, chemins et routes, lignes électriques, etc.) mais parfois, on se laisse embarquer par l’idée qu’on a en tête de la carte visionnée une demi-heure auparavant… Toujours partagé entre suivre son instinct et redéballer la carte sans cesse… Bon, il se trouve que parfois, on se trompe. Je me trompe. Ca m’arrive à chaque défi à pied et je m’en veux tout le temps en me répétant : « La carte Armand, la carte ! » Je le sais, et ça fait parti de mon apprentissage de la résilience ! Je ne connais personne qui arrive à tout du 1er coup… Pour moi, il y a juste plus de coups pour y arriver ^^
1100m de D+ sur une journée, 1300m de D- sur 4h, plus rien ne devient impossible. Vaut-il mieux ne pas réussir ou ne pas tenter ? Bien sûr mes mots peuvent vous paraître prétentieux, et si c’est le cas (ce que je comprends parfaitement), je vous invite à prendre connaissance du chemin qu’il m’a fallu emprunter pour en arriver là aujourd’hui. J’ai eu certainement beaucoup de chance. La chance se provoque. Si j’étais resté dans mon canapé (ce que j’ai fait pendant 3 ans), rien n’aurait été envisageable. Le premier pas restera toujours le plus difficile… Ce premier pas qui change votre vie à jamais… Moi c’était le 3 Août 2015, et vous ?
Encore une fois et malgré la saison peu propice aux vagabonds, les rencontres magnifient le défi. On ne sait pas d’avance sur qui ou sur quoi on va tomber… Je suis rarement déçu par la diversité des rencontres et finalement peu importe nos différences, tant que nous sommes en capacité d’accueillir l’autre comme il est, sans tenter de modifier son esprit. Pour ne rien vous cacher, nous sommes tombés sur des complotistes remettant absolument tout en question. Jusque là ok, aucun problème de mon côté, chacun ses opinions et émettre des doutes sur « le monde qui nous dirige » a toujours fait partie de la société. La démocratie, c’est bien sûr accepter que nous n’ayons pas tous les mêmes opinions. Mais à partir du moment où la discussion n’est plus possible, que le seul objectif de ces personnes est de te convaincre à grand coup de « on a fait nos recherches sur Internet », j’ai très mal géré la situation, j’ai préféré fuir… Ce n’était certainement pas la bonne solution… Mais du coup, ça m’intrigue et je me pose beaucoup de questions : Aurai-je pu m’épanouir en remettant la moindre vérité en question ? Finalement, les siècles d’avancées scientifiques n’auraient servi à rien ?
En passant de la campagne silencieuse au vacarme de la ville, on se rend réellement compte de nos excès de société ! Et moi le premier en habitant en ville ! Tout ça me fait évidemment beaucoup réfléchir sur mon avenir…
Toutes ces lignes pour vous dire que ce défi était incroyable ! Certainement pas le plus difficile physiquement ou mentalement, pas le moins confortable ni le plus dépaysant (quoique, on se rend compte de la richesse des territoires en France), mais certainement le plus partagé, avec mes parents qui s’y sont collés depuis 18 mois ! En même temps, ils étaient d’accord^^ J’ai déjà le plaisir de vous annoncer qu’au printemps 2021, ce sera au tour de mes sœurs de goûter à l’aventure et ça s’annonce topissime ! J’ai hâte ;) La préparation a commencé ! On s’entend très bien, mais nous sommes totalement différents, vivre une semaine ensemble dans un objectif commun s’annonce particulier : inédit, heureux, tendu. Peu importe, c’est le mélange de tout ça qui rendra notre aventure unique et belle !! Des idées sur le contenu du chalenge ?
Lors de mes interventions en établissements scolaires, une question revient fréquemment : quel a été ton défi préféré ? Je dois vous avouer que c’est très dur pour moi de répondre simplement à cette question !
Bien sûr qu’aller au bout du monde en kayak a été le plus grandiose, mais chacun de mes challenges précédents a eu son rôle à jouer pour le suivant, chacun m’a appris quelque chose, chacun m’a fait grandir un peu plus. En choisir un, ce serait un peu comme renoncer aux autres. Or, si on en enlève un, tous les suivants n’existent pas ! Même les défis, où je ne suis pas allé au bout, ont eu leur impact dans la compréhension de mon corps, de mon état d’esprit, de mon mental, de ce que je pouvais faire et de quelle manière, etc. ! Bien sûr qu’il y a eu des défis plus durs mentalement ou physiquement, des défis plus courts et des défis plus longs, des défis plus anodins et des défis plus incroyables. J’ai simplement envie de répondre : le défi que j’ai préféré, c’est le prochain ! Peu importe sa taille ou le travail qu’il implique ! Cette vision des choses permet de me projeter tout en profitant du moment présent, de ce que je fais à chaque instant.
Il n’est en aucun cas utile de rechercher cette escalade du toujours plus gros, toujours plus vite, toujours plus incroyable ! Vouloir toujours plus, c’est déjà contribuer à sa perte. Je suis plus que conscient que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Je ne sais pas si cette idée m effraie ? Certainement ! Même si j’affirme le contraire quand je dis avoir tout accepté de ma situation ! Mais j’ai bien conscience d’une chose : escalader, c’est risquer de chuter… Au vu de mon point de départ de 2012 pour en arriver là, ma seule réelle crainte serait alors de reproduire les mêmes erreurs qu’avant et de ne pas chercher et trouver de nouvelles solutions pour m’adapter. Une fois qu’on intègre cette optique, tout ce qu’on fait a pour but d’être positif ! Attention, ça ne veut pas dire que ça fonctionne à tous les coups, juste que je pense que c’est la meilleure solution pour moi à cet instant précis, celle qui me convient : si ça marche c’est parfait, sinon le but est de s’améliorer ! Inutile de faire plus grand, plus rapide, plus dingue, plus efficace, mon objectif est simplement d’oser essayer ! Il a fallu que je devienne handicapé pour que j’ose réaliser mes rêves, devenir aventurier…
C’est ainsi qu’après avoir navigué au bout du monde en kayak, j’ai utilisé mes pattes pour continuer la Grande Traversée du Jura (GTJ) avec mes parents ! C’était la deuxième partie de cette GTJ entre Pontarlier et Morez _ la première partie avait eu lieu au mois de mai 2019 entre Montbéliard et Pontarlier. Sans doute pas la plus longue des parties ni la plus éprouvante, elle correspondait à la forme du moment ! Quand tu te prépares mentalement à marcher plus que ce que ton corps peut, tu es cuit quand tu arrives au bout, peu importe la distance !
6 jours, un peu plus de 100 km, un dénivelé « modéré » (2000m de D+ avec 16kg sur le dos, je ne sais pas si « modéré » est le bon mot à employer)… Sur le papier, j’ai déjà fait plus sauf que …
Normalement, je m’efforce de commencer par deux « petites » journées, quelle que soit l’activité, pour me remettre dans le bain, monter en puissance… Nous avons commencé cette fois ci par les 2 plus grosses ! Ça nous a bien mis à plat pour le reste de la rando ! Pourquoi donc avons-nous fait ce choix ? En voulant se délester de nos tentes, nous avons dû réserver nos hébergements à l’avance. Au vu de la saison de l’année (Octobre), juste avant la foule touristique hivernale, beaucoup d’établissements sont fermés ! Il a donc fallu composer, jouer sur la longueur des étapes à l’avance, sans même connaître notre état de fatigue ou la météo…
Et, manque de chance, la première étape de 24 km s’est faite sous la pluie, sur une bonne partie de chemins boueux et casse gueules (je suis tombé un nombre incalculable de fois, j’ai même cassé un bâton de marche^^)… La dernière heure fut un calvaire. En fait, cette dernière heure plus compliquée l’a été presque chaque jour ! Heureusement, la météo fut relativement correcte les cinq derniers jours… ça change beaucoup de choses ! Mais encore une fois, contrôlons ce qui peut l’être et la météo ne l’est pas !
La douche chaude du soir et le lit douillet méritent-ils tant de contraintes ? Je ne sais pas ! Qu’est-ce que je préfère : mes aventures en solo (ou avec des personnes dans le même délire que moi) avec moins de contraintes ou mes défis accompagnés de mes proches avec plus de confort mais où il faut aussi prendre en compte les forces et faiblesses de chacun ? Je ne sais pas ! Ce sont deux choses différentes, j’apprécie les deux car les deux ne m’apportent pas la même chose ! Pourquoi faudrait-il choisir ?
Une nouvelle fois, partager ce défi avec mes parents est une chance incroyable ! Certes, dire que j’ai souffert de mon état ne sera jamais suffisant mais je n’ose imaginer ce qu’ils ont vécu en tant qu’aidant, surtout en tant que parents… Tellement impuissants… Le sens de la vie, ça fait un moment que je l’ai compris mais je suis toujours aussi perdu quand l’ordre des choses s’inverse… De ma seule expérience, c’est certes très dur d’accepter sa situation quand on a rien vécu, mais avec du recul : je n’avais (presque) rien construit, donc je n’ai (presque) rien perdu… à méditer !
Eux aussi font des choses qu’ils n’auraient jamais imaginé faire, c’est juste fabuleux ! La vie est faite de richesses, regardons ce qu’on peut encore faire, pas ce qu’on ne peut plus effectuer !
Ce défi marque également le début de ma collaboration avec la marque de vêtements et accessoires de sport Outdoor TERNUA. Une marque du pays basque espagnol qui se développe sur l’hexagone. Son esprit proche de l’environnement, sa gamme de produits issus du recyclage, son esprit du sport Nature ont fini par me convaincre ! C’est de cette façon que j’avance : de belles rencontres qui dans certains cas amènent à de belles relations, de belles opportunités ! Il se trouve que j’ai rencontré le responsable de TERNUA pour la France, il y a quelques mois lors d’un événement bénévole avec des jeunes auquel nous participions tous les deux, c’est de là que tout est parti…
Comme toujours, ce partenariat est un échange gagnant-gagnant ! Dans ce contexte précis : ils m’équipent avec les produits techniques éco-responsables de la marque, et je partage mes impressions suite à l’utilisation de ces produits. C’est simple. Il se trouve que les produits que j’ai essayés ont très bien répondu à mes attentes, je n’en demande pas plus ! Chaussettes, pantalon de rando, t-shirt technique, polaire, doudoune, veste goretex, sac à dos, gourdes, duvet : c’était parfait ! Au vu de la température automnale, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester le short^^ Je me rattrape dès ce printemps, promis !!
Parce que oui, les défis reviennent pour cette année 2020 (Fallait-il que je le précise ?) l’hiver n’aura pour objectif que de me remettre en mouvement après cette bonne phase de repos physique. Je me suis imposé 10 jours sans sport en cette fin d’année 2019, pas simple de résister à l’envie de transpirer un coup…. Pourtant, il le faut, pour que le corps et l’esprit suivent ! Disons que je cultive ma frustration…
Je ne vous dévoile pas encore le contenu exact du challenge, encore en construction, d’autant que je ne suis pas du genre à annoncer des choses que je ne ferai pas. Je peux cependant vous dévoiler qu’il s’agira une nouvelle fois d’un triathlon à ma sauce (marche, kayak, vélo adapté), le but étant de franchir la barre symbolique des 1 000 km ! Pas de course, pas de chrono, pas de performance, juste avancer au jour le jour et puis me retourner à la fin et me dire : « Ah oui, ça en fait du chemin quand même ! ». C’est la même chose dans ma vie, je vous invite d’ailleurs à cette quête : Le bonheur n’est pas une destination, c’est le chemin qu’on se construit qui peut nous rendre heureux ! Je suis heureux aujourd’hui car je suis l’acteur principal de la construction de mon chemin. Serai-je heureux sans ma maladie ? Je ne sais pas, je n’en suis pas sûr, je ne le saurai jamais et au fond peu importe, l’important c’est l’instant présent !
Au final, comme toujours, je vous parle très peu de l’aventure en elle-même, ce qui m’intéresse le plus, c’est le cheminement mental !
Restez connectés pour connaitre la suite qui arrive très vite !
« Ne pas être libre de ses mouvements » pourrait être une des définitions du confinement. Ce pourrait également être celle du Handicap, d’une maladie chronique et en particularité celle d’une Sclérose en plaques (étrangement celle que je connais le mieux ^^). Autant dire que le confinement, nous, malades, on connait ! Sauf que d’habitude, la « forme » physique n’est pas au rendez-vous ! J’ai donc respecté scrupuleusement ces 2 mois de pause dans nos vies ! Je suis de façon générale très à cheval sur les règles, les lois, etc. Non pas que je sois d’accord avec tout : ça doit rester une sensibilité propre à chacun et d’ailleurs je ne m’étandrai jamais publiquement sur mes opinions, je n’ai pas a science infuse et j’ai trop de respect pour les avis divergents du mien. Mon objectif est de poser les problèmes et d’amener des pistes de réflexion ! A partir du moment où on comprend que les règles, les lois ne sont pas uniquement faites pour nous embêter, qu’elles sont là pour le bien commun, pour nous donner toutes les cartes en mains afin de s’en sortir si un pépin nous arrive, alors on apprend à les respecter. Pour que ça fonctionne, tout le monde doit jouer le jeu, c’est malheureusement loin d’être le cas. Tout n’est pas parfait, toutes les règles ne nous semblent pas justes, il y aura toujours énormément à faire et le monde parfait n’existe pas : l’utopie de l’un ne conviendra pas à l’autre… Comme souvent, je regarde à plus long terme et je vois que notre société avance ! Oui, on aimerait tous que ça aille plus vite et parfois je me dis que notre Histoire n’a servi à rien… Mais c’est comme ça, on ne peut pas la réécrire, notre monde est complexe, la notice du jeu est longue. Que diriez-vous de construire notre future avec elle ?!
C’est donc sans entrainement, en revoyant mes plans de défi pour respecter la limitation des 100 km, que je me suis lancé dans un défi à pied (le plus simple à organiser) autour de chez moi sans objectif de temps, de distance, de vitesse ! Je savais déjà qu’il se réaliserait dans des conditions particulières (pas de camping, de gîte, d’auberge ou d’hôtel) et pourtant, une seule chose allait régir le challenge : le plaisir ! J’arrêterai en même temps que l’envie disparaitra ! Il y a toujours des jours ou des moments moins bien. 2 ou 3 jours de suite remplis de galères seraient certainement ma limite ! Ce qui n’exclut pas d’avoir des moments plaisants entre 2 galères, ni des galères entre 2 plaisirs. De la même manière, cette vision te permet aussi de profiter de chaque instant de la vie de tous les jours..
Au deuxième jour sur le GR422 au départ de Lyon, je suis déjà KO et plein de douleurs, j’en avais presque oublié que c’est généralement la durée qu’il me faut pour prendre le rythme dans chaque nouveau défi. Accompagné par Géraud en handbike le 2e jour puis par mes parents à pied les 4 jours suivant, ces moments de partages m’ont beaucoup aidé pour me lancer. Ce GR passe à 500 mètres de chez mes parents et je m’étais toujours dit que je le ferai ! La limitation du Covid 19 fut finalement une occasion parfaite ! Dans la vie, le plus important est de savoir s’adapter à chaque situation, revoir ses plans certe mais trouver un autre chemin pour s’épanouir en faisant d’une contrainte une opportunité.
Pour avancer dans ce genre de défi, outre le fait de vivre au jour le jour, il faut réussir à se fixer des paliers et célébrer ces petites victoires : réussir à prendre le rythme, franchir les 100 km, battre mon record de distance à pied (165 km), franchir la barrière des 200 km, atteindre un village de mon enfance, battre mon record de temps à pied (12 jours), les 300 km… J’aurai ainsi pu continuer sans fin… (Ps : Vous remarquerez que ces paliers peuvent être des durées, des distances, des lieux symbolique, de la famille ou des amis qu’on n’a pas vu depuis longtemp,, ce qui nous motive en fait !! ).
Sauf que… Les 3 jours de suite de galères sont soudainement arrivés… Est-ce que j’étais moins dedans ? Est-ce que le balisage n’était pas suffisant ? Je pense que c’est un mix des deux qui m’a rendu la tâche ardue pour trouver mon chemin. Au 7e jour, j’avais pris un autre chemin de Grande Randonnée, le GR 65 direction Genève et tout s’est bien passsé jusqu’aux Abrets-en-Dauphiné, en Isère, jour 12. J’ai finalement arrêté 3 jours plus tard à Yenne (Savoie) après un peu plus de 300 km dont les 50 derniers n’étaient vraiment pas les plus agréables du fait de mes erreurs de cheminement ! Mais peu importe, j’ai vu de supers paysages que je ne connaissais pas à moins de 50 km du lieu où j’ai grandit, je me suis fait des supers bivouacs, en autonomie, j’ai en quelque sorte rattrapé mes 2 mois de confinement, je me suis dépassé, j’ai repoussé mes limites ! Tout ce que j’aime !
8 ans se sont écoulés depuis mon diagnostic en 2012, et j’ai pu multiplier par 1000 mon périmètre de marche ! En passant de 300 mètres à 300 kilomètres, j’ai réussi à déjouer tous les pronostics, toutes les barrières, et en premier lieu les miennes : rien n’est jamais écrit dans la vie ! Avec mes expériences, j’ai pu me rendre compte que dans la majorité des cas, le plus gros frein est soi-même ! Cela ne veut pas dire que c’est simple, qu’il suffit de vouloir, ou que c’est le seul moyen de s’épanouir ! Mais si on ne veux pas, si on ne s’en donne pas les moyens, on ne pourra jamais ! D’ailleurs, c’est uniquement nous même qui avons les clefs de notre vie en main : je vous souhaite de trouver votre chemin vers le bonheur avec vos paramètres ! On peut avoir la meilleure aide du monde, si on n’a pas l’envie d’avancer, ça ne marchera de toute façon pas. Faire des choix et les assumer (Bons, mauvais, incompris des autres ou inéfficaces, peu importe), c’est aussi ça reprendre sa vie en main.
Vous l’avez compris, j’ai passé en tout 10 jours à marcher seul. Pourtant je n’ai absolument pas souffert de la solitude. C’est toute la différence entre choisir et subir ! Aujourd’hui, j’apprécie autant être accompagné en déf qu’être seul, je l’avais déjà évoqué dans de précédents récits ! Les deux options ne sont pas contradictoires, m’apportent des choses différentes et je ne veux pas avoir à renoncer à l’une ou l’autre.
Être seul permet de méditer, être accompagné permet de partager et d’abbreuver sa réflexion ! Toute ma philosophie de vie est née de là, de ces réflexions particulièrement nourries en défi mais aussi dans les expériences de la vie courante. Finalement, le luxe est de pouvoir choisir d’être seul et ne pas subir cette solitude !
Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il faut abandonner, c’est justement parce que c’est dur que la victoire est belle ! Je suis ainsi persuadé qu’il faut souffrir pour être heureux. Dois-je en déduire que j’aime me faire mal pour ensuite savoir profiter du moindre instant ? Fort probable, en tout cas, j’ai encore bien souffert pendant le défi mais il m’a rendu bien heureux !
Je connais aujourd’hui mon corps mieux que jamais, je sais plus généralement que le corps et le cerveau sont des machines : en leur offrant l’opportunité de faire différemment, ils trouveront des connexions, des chemins grâce à la patience, l’abnégation et la persévérance.
Tout ce que j’entreprends depuis 5 ans n’a finalement qu’un seul but : montrer que la différence peut aussi être une chance ! Si je ne parle pas, mon handicap ne se « voit » pas au premier regard ! Souvent, on m’a incité à utiliser telle ou telle méthode pour gommer mes difficultés, mes différences, mes handicaps. Il aurait plutôt fallu qu’on m’apprenne à vivre avec… Impossible quand le patient n’est pas volontaire (comme moi au début et pendant 3 ans). A une époque, j’aurai tout essayé en espérant redevenir comme avant, aujourd’hui j’ai totalement intégré chaque nouveau paramètre qui survient. Mais se pose alors une question éthique : faut-il s’acharner et souffrir pour espérer revivre comme avant tout en risquant de ne jamais réussir ? Ou bien simplement apprendre à faire de ses différences de simples paramètres à prendre en compte ? Ainsi, j’ai fait de ma voix si particulière mon moyen d’aborder le sujet du handicap et de poursuivre ma sensibilisation sur le terrain. Souvent, on me prend pour un anglais, un sud’af ou un suisse expatrié en France puis on s’excuse quand j’évoque ma SEP. Aucun problème pour moi, pourquoi s’excuser que quelqu’un soit différent de nous ? Dans l’inconcient collectif, on ne peut pas être différent et heureux ? Pourquoi devrais-je me victimiser ? Tout va bien pour moi, j’ai trouvé mon chemin, est-ce que vous avez trouvé le votre ?
Ce que je cherche en priorité dans un défi n’est pas la performance ni même le sport ou l’insolite, mais plutôt cet état que je ne retrouve que là : la méditation, la réflexion, la débrouille, l’impression de vivre et d’avancer finalement ! Quoiqu’il arrive pour l’avenir, jamais ma maladie ne pourra m’enlever tout ce qui a été vécu depuis quelques années ! C’était impossible que je vive tout ça, comment pourrais-je être déçu de ce que j’ai ? Et qu’ai je finalement ? Des valeurs, des idées, des engagements ! Et l’envie d’entreprendre… Vivre de mes passions reste le cap à suivre, seul l’avenir me dira si j’ai réussi, mais je sais déjà que j’ai eu raison d’essayer.
En n’annonçant pas à l’avance le contenu de mon défi, je n’avais aucune pression car aucun objectif ! Le plaisir était mon moteur mais finalement, ça n’a pas que des avantages ! Se fixer des buts, c’est aussi se pousser à avancer ! Je n’ai aucun regret, c’était une très belle aventure mais le fait est que je n’avais rien à aller chercher, pas même la carotte qui va bien ! Pourtant, j’étais bien physiquement. Je sais déjà que je reprendrai ma route là où je l’ai laissée, reste à savoir quand ;)
Comme je l’évoque toujours, il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde et d’avoir des fonds importants pour faire des choses incroyables et qui sortent de l’ordinaire. Faire des milliers de kilomètres en avion pour rester dans un hôtel all inclusive et ne rien voir du pays et de la culture locale, ce n’est pas pour moi. Par contre, ça convient à nombre de personnes et je respecte entièrement les choix de tout le monde !
Le covid a anéanti les plans de la quasi totalité de l’Humanité, il a simplement modifié les miens. Elle est certainement là la solution : faire différemment mais faire !
Je ne sais pas où il mène, mais je continue de tracer mon chemin…
45 jours, c’est le temps qu’il m’a fallu pour trouver un nouvel élan après ce défi, mais aussi dans la vie que je veux avoir, un nouveau chemin à débroussailler, un sentier à explorer ! Moi qui étais certain de ma positivité, de mes « nouvelles » convictions, de mes points forts et de mes faiblesses, de la mise à l’écart de la frustration, me voilà démunie ou presque ! Physiquement, j’ai très bien récupéré de cette rando. Neurologiquement, c’est un autre débat ! Je sais simplement que je dois être patient, que je ne dois pas forcer les choses, que je dois me poser les bonnes questions. Je comprends de nouveaux éléments : sur l’intérêt de la frustration par exemple (à découvrir un peu plus loin) ! Jusque là, je ne percevais pas réellement son rôle…
Est-ce que vous savez à quel point c’est difficile d’écrire ? Pas tant d’écrire en faite, mais plutôt de trouver le bon angle ! Celui qui me correspond, celui aussi qui vous intéressera, léger mais avec du fond, marrant ou sérieux, sans tomber dans les extrêmes et surtout en respectant la règle que je m’impose : ne jamais me sentir moralisateur, en mesure de donner des leçons, qui suis-je pour culpabiliser qui que ce soit ? Ne suis-je pas le premier à me braquer quand on me fait la morale ? le sais depuis un moment que mon pire ennemie n’est pas une personne avec qui j’aurais eu des différents, encore moins une personne dont je pourrais être jaloux, ce n’est rien d’autre que moi. Moi et une part que je pensais oubliée : la colère. En faite, je ne l’ai jamais éludée. Simplement, je sais aujourd’hui la dompter parce qu’elle ne m’a jamais été d’aucune aide et ne m’aidera jamais. Je n’en veux à personne, je ne suis envieux de personne, je n’attends plus rien de personne… Alors, certes, je ne peux plus être déçu mais c’est aussi ce qui m’éloigne du monde et des relations humaines… J’en suis conscient. Vous voyez que j’ai encore de quoi travailler ! J’ai donc pris du recul avant de rédiger ces quelques lignes…
Il fût un temps où je m’en serai voulu de ne pas avoir toutes les réponses à l’instant… Aucun mot ne retranscrira à l’exact tous les sentiments et émotions vécues ! Pendant ce mois et demi de repos, j’ai encore beaucoup appris sur moi. Je viens seulement de m’en rendre compte mais il se trouve que j’ai craqué mentalement. Voilà presque 6 mois que je n’arrête pas, que je sors de mon confort quotidien sans cesses, avec le sport mais aussi avec les interventions, les interviews, les rencontres, le partage, etc. On attend beaucoup de moi, et moi le premier : je suis ma propre exigence. Alors oui, j’adore tout ce que je fais, je ne ferai machine arrière pour rien au monde, mais je redécouvre assez logiquement en faite cette nécessité d’être frustré pour aller de l’avant… Cette envie de faire, je commence à la retrouver petit à petit. J’avais besoin de cette vraie pause. La chaleur n’aide pas mais je repars petit à petit, ça tombe bien, un gros défi m’attend pour le mois d’Août… J’avais peur de perdre tout mon entrainement, tout le chemin physique parcouru depuis 4 ans, mais mes dernières séances de kiné plus que positives m’ont rappelées que mon corps avait aussi besoin de ce repos !
Je veux simplement être moi, bien dans mes baskets, en accord avec ce que je dis, car c’est réellement ce que je fais. Répondre aux critiques et se justifier, c’est déjà plaider coupable. Je ne le ferai plus. Je n’ai plus à rendre de comptes, vous pouvez bien sûr m’acceptez ou non, mais je vous demande simplement de me laissez essayer de vivre !! C’est ça la tolérance : accepter les choix de vie de chacun tant que ça n’anéanti pas les siens. Mon parcours de vie m’invite à me poser cette question : « Doit-on avoir peur de ses rêves ? ». J’espère que vous aurez des pistes pour votre propre réflexion…
La notion d’envie semble s’oublier aujourd’hui en France et ailleurs, dans beaucoup de domaines, le sport y compris. Si le plaisir n’est pas notre moteur premier, nous aurons du mal à nous y tenir ! Moi en tout cas, il l’est. Le sport m’a sauvé la vie. Toutes les épreuves vécues, choisies ou subies, m’ont appris entre autre la différence entre fatigue neurologique et fatigue physique. Elles n’ont rien à voir ! Et il n’y a qu’en l’expérimentant qu’on peut le comprendre… « Malheureusement », tout le monde n’a pas une SEP (Quel dommage^^ haha !!) je vais donc tenter de m’expliquer un peu : quand on a une SEP, on dit souvent « je suis fatigué », on ne devrait pas… Cela porte à confusion ! Les gens pensent qu’en dormant, ça ira mieux… Que n’est ni !!! C’est ce que j’appelle la fatigue neurologique. Au contraire de la fatigue physique, la bonne fatigue, celle qui te fait dormir et récupérer (physiquement). Le problème quand on fait du sport avec une SEP, c’est que cette fatigue physique prend le pas sur la fatigue neurologique. C’est tellement agréable, enfin une fatigue saine… Le risque étant de ne pas savoir s’arrêter, de vouloir en faire trop… Je m’y suis souvent risqué, je me suis souvent fais avoir, je suis souvent tombé mais j’ai toujours réussi à me relever, plus ou moins rapidement. J’en ai parfois subit les conséquences mais j’ai toujours appris. Il m’arrive encore de me tromper et heureusement, mais je me connais d’avantage de jour en jour. Le fait est que je suis moi-même, souriant, qui ne se prend pas au sérieux, et surtout heureux ! Le serai-je sans ma SEP ? Je ne sais pas, je ne le saurai jamais, je n’en suis pas certain… C’est aussi pour cela que ma différence a été une chance dans mon évolution, dans mon cheminement intérieur, dans mon équilibre actuel.
Tout ce que je vis depuis juin 2014, ce n’est que du plus, je ne devrais plus être ici pour le vivre. Comment alors pourrai-je être déçu de ne pas réussir un challenge ? Mon défi, c’est avant tout d’oser essayer, de ne pas m’imposer de limites, de ne pas me restreindre sous prétexte que je suis physiquement plus faible ! Si je n’avais pas osé sortir de la case dans laquelle on m’avait mis, rien de ça n’aurait été possible! Et d’ailleurs, quoi qu’il se passe à l’avenir, jamais rien ni personne ne pourra me retirer mes aventures, réussies ou non !
Ce qui me ferait aujourd’hui le plus de mal, ce n’est pas être en fauteuil ou ne plus pouvoir parler, voir ou entendre, c’est oublier les souvenirs de ces aventures. C’est d’ailleurs pour ça que je tiens un journal de bord, pour me remémorer les joies, les chagrins, les galères, les péripéties, les rencontres, les partages, etc ; bref, pour ne jamais oublier mon chemin intérieur. Ainsi, il m’est impossible de préférer un défi à l’autre tant ils ont tous eu un rôle à jouer dans ma (re)construction encore en cours.
Une fois que tout cela est dit, parlons de mes parents, c’est eux qui depuis tout petit nous (avec mes sœurs) ont donné l’envie de bouger, de découvrir, de se dépasser, de rencontrer grâce notamment aux voyages, aux randonnées, au travail ! Je leur dois tellement… Ils m’ont offert toutes les clefs pour m’en sortir, il fallait « juste » le comprendre. Je reste persuadé entre autre grâce à eux que chacun d’entre nous peut se donner les moyens de changer de vie, de devenir la personne qu’on souhaite. Non pas d’avoir la vie qu’on rêvait mais de faire de ses problèmes un avantage, d’aller de l’avant pour être heureux. Je ne dis pas que c’est simple, loin de là ! Mais c’est nous, et nous seulement, qui sommes l’acteur principal de nos vies ! En faisant de nos épreuves de vie des passerelles plutôt que des barrières infranchissables, il est possible d’y arriver ! Il est facile de trouver des excuses pour ne pas faire, j’ai choisit d’en faire des prétexte pour avancer…
Récemment, on m’a demandé ma plus grande fierté, j’ai répondu : « le chemin parcouru sans qu’on se doute du travail fourni ». On voit trop souvent le résultat sans voir le chemin parcouru ou le travail nécessaire pour y parvenir. Je vous le dit, mes défis sportifs n’ont rien d’exceptionnel si on ne regarde pas le point de départ ! Oui, beaucoup de monde pensent que je ne fais rien de mes journées, et tant mieux, mon unique souhait est de montrer qu’il y a toujours une solution. Elle sera sûrement alternative, différente de celle que vous imaginiez mais qu’importe, elle a le pouvoir de vous rendre heureux ! Je n’ai jamais été autant occupé qu’aujourd’hui, c’est un choix et j’en suis ravi. Je n’ai pas choisit d’être handicapé mais j’ai voulu devenir aventurier. Il me semble important de faire la nuance entre « choisir » et « vouloir », entre « subir » et « décider » ! Si choisir c’est renoncer, alors vouloir c’est savoir faire des concessions ! J’ai fais les miennes. Ma vie perso aura tout le loisir de me mettre des freins quand le temps sera venu…
Une autre rencontre récente m’a simplement dit que la vie n’était pas un compte à rebours. Je respecte totalement ce point de vue et je l’expérimente depuis peu! Pourtant, au fond de moi, je pense tout le contraire (procrastiner, c’est un peu se sentir immortel non ?). Ce n’est que mon avis (= vous en faites ce que vous voulez ^^)… On a tous une épée au dessus de la tête, on espère tous que le couperet tombera le plus tard possible, mais on ne peut pas savoir ! Pendant 2 ans et demi, j’ai fait le choix de rester blotti chez moi et au final j’ai bien faillit y rester. Quand j’ai réagit, j’ai d’abord décidé de me battre CONTRE la maladie, c’est ce qui paraissait le plus simple mais cette lutte permanente m’a fait tombé de très haut. Se battre AVEC change beaucoup de choses dans son rapport à la vie, à l’en-vie. Pour moi, le plus gros risque aurait été de ne pas en prendre… Mourir en faisant ce que j’aime ne me fait plus peur… Il y a quelques semaines, j’ai failli me faire renverser par une voiture en traversant la route à Lyon: voilà une chose qui me fait peur… Je conçois que ça puisse vous troubler, je conçois encore plus que ce soit troublant pour des parents vis-à-vis de leurs enfants. Mourir bêtement ou mourir en faisant ce que l’on aime, si j’ai le choix, vous avez ma réponse !
C’est suite à un reportage télé sur la Grande Traversée du Jura (GTJ) que mes parents m’ont proposé ce challenge. Je n’aurai jamais osé leur lancer un défi en commun tant je sais que les conditions de confort ne sont pas simples… Ils n’ont jamais réellement fait comme tout le monde, fallait-il une preuve de plus ? Je ne vois pas grand monde d’autres dans mon entourage capable de se lancer… A vrai dire, sur le parcours, j’ai douté : sur les premiers jours où ils ont galérés à prendre le rythme, surtout lorsque le dénivelé positif était de le partie ou du 3e au 6e jour quand la pluie s’est invitée (on parle de la grêle ?). L’important étant de sortir de sa case sociale, « réussir » n’est que du plus et l’abandon n’est jamais un échec à partir du moment où on ose.
Bon ok, la météo n’a pas été génial, mais comme je dis souvent : c’est le jeu, les galères liées à la santé, on ne les choisi pas, maintenant si on ne voulait pas avoir de galères sur l’aventure, on reste chez soi et on ne la fait pas. La météo en est un de ces paramètres incontrôlable du pacte de l’aventurier. Mais du coup, on s’est adapté : sous les capes de pluie, on reste « moins mouillé ». Nous n’avons fait que deux bivouacs (surtout à cause du froid) donc on essayait de créer nos étapes en fonction des auberges, gîtes, hôtels… Chose qui m’aurait été impossible il y a encore quelques mois … D’ailleurs, pour l’étape de 29 km, je me serais arrêté à 22 (c’est déjà bien assez), nous avions un abri et de l’eau courante, le luxe… Il a fallu en faire 7 de plus sous la pluie pour dormir au chaud et manger dans un semi-gastro en chaussettes ^^ Quand nous sommes plusieurs, il faut savoir suivre la majorité et faire des concessions, c’est ça l’esprit de groupe ! Pour tout vous dire, à ce moment précis, je bouillonnais un peu et je me suis mis à l’écart pour marcher et réfléchir seul, le self-control ^^ Mes parents ont bien vu mon désaccord mais au moins je ne me suis pas énervé (en tout cas je n’ai pas fait de caprice d’enfant hystérique en hurlant, me roulant par terre, prenant ma SEP en excuse, chose que j’aurai pu faire auparavant^^ Ne rigolez pas ;) ).
Parmi les souvenirs qui resteront, la pause midi du 2e jour avec le concours « à qui fera le plus de bruit » entre un vieux monsieur, sa fille, son chien ou son mouton… Les paysages sont très changeants et très agréables : des prés à vaches et pâtures aux rives du Doubs en passant par les forets de sapins sans fin dans un mélange somptueux de vert ! La pluie et la brume ont laissé place au soleil mais aussi au vent.
Le plus difficile pour moi n’est pas le plus difficile pour mes parents, pour vous autres en général. Je suis le plus à l’aise quand ça grimpe sans obstacles, ils sont plus à l’aise quand c’est plat ou descendant ; je suis en grande difficultés quand il faut faire attention où on met les pieds, ils le sont dans les dénivelés positifs. Ils étaient angoissés pour moi quand le chemin devenait étroit, avec des ravins sur les côtés. Normal vous me direz… Sauf que c’est à ce moment là que je suis le plus concentré, le plus attentif. Me dire de faire attention ne m’est alors d’aucune aide ! Pire, ça m’énerve, me rappelle que je suis « différent » et me déconcentre… Au final, le plus risqué pour moi, c’est quand il faut moins d’attention pour évoluer. C’est d’ailleurs souvent là que je me laisse avoir, que je perds l’équilibre, que je trébuche ou que je tombe… Mais rassurez-vous, j’ai appris à tomber, je me fais très rarement mal ! Ca ne veut pas non plus dire que je suis à l’abri d’une mauvaise chute. Il faut simplement comprendre et accepter que je marche différemment de vous Mon cerveau a trouvé ses solutions. Le cerveau est une machine. J’ai décidé de totalement lui faire confiance en mettant de côté les sentiments liés à la peur ! Je suis plus que jamais en vie! Je sais d’où je reviens, je sais par où et par quoi je suis passé, je sais où je veux aller, reste à savoir par quel chemin, à moi de continuer la trace ! Je ferai tout pour rester la personne que je suis : humble et ambitieux. Peut être que je peux vous paraitre hautain, venez simplement à une de mes interventions, vous aurez tout le loisir de me juger après ;) Je vous demande simplement de me faire confiance ! Mon but n’est absolument pas de vous faire du mal, je suis avant tout quelqu’un de gentil, et si je vous en ai fait, sachez que ce n’était absolument pas volontaire !
Nous avons raté les échelles de la mort, c’était normalement un des points marquants de cette randonnée ! Mais vous savez pourquoi je n’ai pas été déçu ? Parce que maintenant, je vois des signes de partout : si nous les avons loupées, c’est qu’il y a une raison, c’est qu’il ne fallait pas qu’on y passe dans ces conditions, ce jour-là, sous la pluie ! Et puis on s’est tout de même rattrapé en passant deux belles échelles un peu plus loin sur le chemin ! C’est une sorte de destin, non ? Je n’ai pas le mot exact… En tout cas, je crois beaucoup au karma : faire du bien autour de soi pour qu’il nous arrive de bonnes choses… Quand une galère survient, je me dis que c’est parce que j’ai mal fait quelque chose, ça me pousse aussi à m’améliorer.
Petit à petit chacun prend le rythme, c’est en faisant qu’on prend de l’entrainement, que le corps s’habitue ! Les parents se métamorphosent ! Mes doutes quant au dénivelé s’évapore au fur et à mesure tant leurs cadences augmentent ! Au final, on aura mis 2 jours de moins que prévu pour notre première partie de GTJ (on avait jusqu’à 11 jours pour le faire), on a simplement pris une variante du GR5 pour couper quelques kilomètres. Nous avons mangé plusieurs fois en Suisse, dormi une fois. D’ailleurs les suisses ne sont pas du tout fan des français, je les comprends. Ne mettons pas tout le monde dans le même sac. Ne prenez surtout pas mes rêves de société utopique pour des opinions politiques, vous vous tromperez à tous les coups ! Le but de la politique est de diviser, le miens est de rassembler. Le sentier passait par moment du côté helvétique. D’ailleurs, c’est très amusant de voir à quel point l’accent change d’un côté à l’autre de la frontière, alors que les personnes habitent à moins de 50 mètres d’écart ! On ne pensait pas faire autant de D+ sur cette première partie, la suite promet !
Le balisage est plutôt très bon, même si nous nous sommes fais avoir quelque fois, c’est ça de papoter aussi ^^
Puisque des images valant mieux qu’un long discours, vous pouvez retrouver la vidéo de l’aventure sur ma chaîne Youtube ! Il est clair que mon esprit a moins divagué que lorsque je suis physiquement seul. Ce n’est ni mieux, ni moins bien ! C’est simplement différent.
La suite du parcours est pour « bientôt » car nous n’avons plus peur de nos rêves ! Et vous ?
Je devais avoir une dizaine d’année à l’époque où, pour la seule fois de ma vie, j’avais marché plus de 25 km, c’était lors d’une marche organisée par un village du Nord-Isère proche de chez mes parents. Je m’en souviens bien car c’était un véritable « calvaire » ! Le mot est fort, ce n’était pas si terrible que ça, j’étais allé au bout… Et en réalité, c’est bien ce goût de l’effort qui a contribué à me construire : les randos avec les parents, le rugby, le tennis, le VTT, la course à pied, le ski, etc. Et puis j’ai trop rapidement tiré une croix sur le sport à mon diagnostique. En même temps, j’étais démuni, ce corps et ce métabolisme très particulier n’était pas le miens ! En faite, je crois que c’était trop de changements d’un coup… Ajoutons à ça les barrières mentales, les barrières sociales [« et vous obtiendrez un escargot tout chaud »] et c’est la descente eux enfers assurés ! Après toutes ces années, je me suis fais ma propre expérience : j’ai essayé, je me suis trompé, je suis tombé, je me suis relevé, peu importe le temps qu’il a fallu, le plus important est d’apprendre ! Je veux simplement être un exemple parmi d’autres, celui qu’il est possible de s’en sortir, mentalement d’abord, avec ses propres difficultés ! Je vais encore une fois essayer de vous convaincre que se dépasser est avant tout un état d’esprit. Nul besoin de relever des défis sportifs pour s’épanouir ! Vous êtes le seul acteur de votre vie et toute l’aide du monde ne vous sera d’aucune utilité si vous n’êtes pas moteur de votre changement !
J’utilise des mots crus, directs et qui peuvent irriter, je le sais et c’est volontaire, le seul but est de vous interpeller. J’aurai tant aimé qu’on me parle de la sorte à mon diagnostic… Je reçois forcément des critiques depuis quelque temps. Ce n’est pas grave. Tout ce que je suis, ce que je dis, ce que je pense est pleinement assumé ! La plupart me reproche de ne pas être légitime car je suis en « forme »… Je n’ai pas à me justifier : je sais d’où je reviens, par quoi je suis passé, et où je veux aller ! Peu importe si j’y arrive ou non, mes projets m’ont bien appris une chose : ne plus rien s’interdire et continuer de rêver ! L’humilité n’empêchant pas l’ambition, je verrai où ce chemin me mènera ! Et, après tout, se justifier, n’est-ce pas avant tout plaider coupable ?
J’aime ce corps et son fonctionnement autant que je le déteste. J’ai appris à vivre en harmonie avec lui, en traitant désormais ma SEP en allier plutôt qu’en ennemie Elle n’est plus une excuse pour ne rien faire comme c’était le cas à mes débuts, mais plutôt un prétexte pour en faire tellement plus ! Tellement plus mais différemment ! Bien sûr que physiquement, mes capacités sont bien moindres qu’avant la maladie, mais toutes ces épreuves ont réussies à renforcer mon mental. Pour faire simple : j’ai beaucoup plus d’handicaps qu’à mon diagnostique mais je le vis tellement mieux…
Outre l’argument que j’ai déjà utilisé pour mes défis en hiver (La SEP ne fait pas de pause en hivers, pourquoi donc devrai-je en faire ?), la période des fêtes n’est vraiment pas celle que j’apprécie le plus, au contraire ! Autant j’aime l’esprit de Noël quand on voit les yeux des enfants briller, autant je trouve que cette fête est devenue une sorte de machine infernale nous imposants une certaine façon de vivre cette période… Il est loin le temps de la fin des années 90s/ début 2000s où j’attendais le père Noël avec impatience^^ En grandissant, on perd des proches, plus rien n’est comme avant, heureusement qu’il reste les moments en famille et qu’on peut se rattraper sur la dinde aux marrons et la buche de Noël.
Pour le réveillon de la nouvelle année, c’est un peu différent ! Dans les dernières années, j’en ai passé des bons moments entre amis pour cet événement ! Ce qui me perturbe un peu, c’est cette course au bonheur, ou plutôt, l’illusion qu’on essaye de donner, notamment sur les réseaux sociaux ! Et puis, si on ne passe pas la soirée comme les autres, c'est-à-dire à une fête alcoolisée où le nombre de convive sera proportionnel à notre « ubérisation » du bonheur, on n’est pas normal. Où, si on ne se pli pas à la règle, on est juste bizarre, trop bizarre pour faire comme tout le monde… Pourtant, combien de personnes ne s’amuse pas vraiment lors de cette soirée mais ne l’avouerons jamais pour rester bien vu et dans la norme ? Alors, si c’est ça être bizarre, oui je préfère être différent…
La différence est une richesse, la diversité une force que la solidarité doit cadrer. Et en cette période de contestation sociale (NB : Je ne suis ni contre la contestation, ni pour les violences), je me dis simplement que notre Histoire n’a finalement servit à rien. En disant ça, je parle de tout le monde : des élus qui devraient donner l’exemple aux manifestants qui doivent rester pacifiques, en passant par les forces de l’ordre qui devraient tous être irréprochables… Malheureusement, comme je dis souvent, il y a des cons partout ! Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac (les élus ne sont pas tous mauvais, les manifestants ne sont pas tous des casseurs, les flics ne sont pas tous violant, etc.). Ce qui m’embête le plus, c’est qu’il n’y a pas moyen de discuter, d’échanger, tous les partis restent figés sur leurs positions. Tout le monde a LA solution miracle pour relever la France mais tout le monde vote pour SON propre intérêt. Réussir en France est mal vu, peu importe le travail que tu fournis ou par où tu es passé ! Encore une fois, vous êtes le seul acteur de votre vie, la chance se provoque… C’est simplement ce que je réponds à ceux qui me critiquent, certainement envieux de me voir heureux avec mes problèmes ! Le bonheur n’est pas une destination, c’est le chemin qu’on emprunte, le cap qu’on se fixe qui importe !
Vous l’aurez compris, je ne suis pas fan de cette période…
J’avais donc choisi de passer ce moment seul, loin de ce qui me dérange dans ces fêtes et avec quelque chose qui me plaît, avec lequel je m’épanoui ! C’est parti, je me lance dans un nouveau défi ! Avec le froid et le peu de temps que j’ai pour le préparer (on était déjà autour du 15 décembre), il me faut un périple assez simple dans l’organisation, la logistique et la réalisation. J’ai 9 jours de dispo entre le 26 décembre et le 03 janvier. La marche est ce qui demande le moins de préparation. 16 km par jour à pied, fois 9 jours, on arrive à 144 km, c’était en gros la distance entre Chalon-sur-Saône et Lyon en suivant la Saône par les chenins de hallages qui la bordes tout du long ou presque (rive droite jusqu’à Macon, rive gauche ensuite). Rien ou presque à préparer, simplement mon sac à dos et mon billet de train ! Bien que je n’aime pas m’imposer de timing, il faut aussi faire avec maintenant que je suis engagé avec différentes structures !
J’ai préparé mon sac le 25 au soir et le 26 au matin et j’ai pris le train à 12h15 à Lyon le mercredi 26. Arrivé à Chalon à 13h40, l’aventure pouvait commencer. Il fallait simplement trouver la rivière pour démarrer le « vrai » périple ! En un peu plus de 3h15, j’avais déjà bien avancé (14 km) et trouvé une petite place pour planter la tente, à quelques mètres de l’eau et juste à temps avec la nuit qui tombe encore très vite ! À 17h30, il n’y a déjà plus de lumière. « Et mer** , j’ai encore oublié ma frontale »… Je l’oublie toujours, je devrai me la faire greffer^^ Je me console en me disant que c’est toujours ça de moins à porter… Au départ de Chalon, j’ai 7 jours de nourriture et 5 litres d’eau auquel je rajouterai 1 Litre le 2e jour en croisant un supermarché à Tournus… 19 kg…Oui, c’est beaucoup trop… La nourriture diminuera au fur et à mesure, tout comme l’eau jusqu’au ravitaillement ! Quand il fait froid, on boit beaucoup moins, il faut s’obliger à boire. J’ai dû boire seulement 1 litre d’eau quotidien plus l’eau nécessaire aux lyophilisé ! C’est trop peu… Allez-y, défoulez –vous sur moi !
En 2 jours et demi, j’arrive à Macon, je suis bien fatigué mais j’ai bien avancé ! 63 km mais me voilà dans la ville, sans pouvoir bivouaquer… Je me vois mal continuer encore 1h, je n’en peux plus. Je regarde Google Maps : miracle, un hôtel ! Ce n’était pas prévu au programme mais ça me ferait tellement de bien, je n’ai pas pu résister ! A noter que tout ce qui est « en plus », toutes les dépenses évitables sont réalisés avec mon compte perso, ce sera mon cadeau de Noël ! Résultat : une nuit de rêve tellement réparatrice et qui m’a permis de poursuivre sur un rythme trop élevé…
82 km, la distance qu’il me reste jusqu’à Lyon au départ de ce 4e jour. Dans l’optique d’avant-départ : 5 jours devaient me permettre d’y arriver sans trop de problèmes. En gardant le rythme que j’avais depuis Chalon, je me sentais capable de le faire en 4 jours, ça allait piquer mais je connais maintenant assez bien cet état ! Celui pendant lequel le mental surpasse le physique ! Sur mes 3 premiers jours de marche, on va dire que physiquement, j’ai 12 km dans les jambes et c’est déjà énorme ! Le reste se fait au mental et cet équilibre que j’ai trouvé fonctionnaient bien pour aller au bout de mes journées (A noter que la solution d’un défi ne sera pas celle d’un autre ! L’adaptation est une des clefs de la réussite). Mais, le 4e jour, revigoré par la nuit d’hôtel, je pousse encore plus loin (29 km) ! En même temps, je ne trouvais pas de coin adapté pour poser le campement… Mais je commence à m’y connaître en bivouac et au final je trouve toujours le lieu idéal !
Déjà le 5e jour, encore 53 km jusqu’à Lyon Bellecour. Je commence à me dire qu’il se peut que je ne passe pas seul à la nouvelle année! Je peux tenter le coup, ça va être très dur… Les muscles, les articulations, la fatigue physique, je suis vidé. Les jambes tirent, tout comme le dos et les épaules. Et pourtant, je sais que mon mental peut prendre le relais !
Le souci, c’est quand il n’y a même plus de relais, que tu commences déjà la journée au mental ! Les douleurs sont insoutenables… Heureusement que j’avais choisis de partir une heure plus tôt ce 5e jour. Il était 8h15 et la lumière était tout juste suffisante ! Mes tendons d’Achille sont en feux, le rythme a bien diminué mais les kilomètres défilent… Et, alors qu’il me reste une trentaine de kilomètres jusqu’à Lyon, j’ai deux choix :
- M’arrêter avant Trévoux et dire adieu à mon nouvel objectif de réveillon accompagné,
- Continuer à avancer et me poser après Trévoux ce qui signifie encore 5 km
Choix Cornélien ! Il est 16h30, il ne me reste pas tellement de temps avant la nuit. Pourtant, je décide de continuer et de faire confiance à ma bonne étoile (peut-être qu’un jour, je vous en parlerai…). J’ai tellement bien fait… Et je n’ai marché que 3 km… Vous l’aurez compris, je suis en pleine ville. Impensable de dormir ici. Et pourtant, un coin idéal, caché du plus grand nombre, au sec… Le « paradis »…
Nuit noir,Il est temps de faire un état des lieux et de préparer rituellement la journée du lendemain. Encore 27 km pour terminer ! Je dois me rendre à l’évidence : ça ne le fera pas… Je choisis donc de raccourcir le parcours d’1 km, je m’arrêterai à l’hôtel de ville (ça reste Lyon donc c’est presque pareil non ?) et je commencerai à déambuler encore plus tôt. On verra bien… Il est 7h quand j’entame ce qui sera ma dernière journée de marche, il fait nuit (je m’éclaire au portable) et l’épreuve peut reprendre… Ce n’est même plus de la marche, je suis un pantin désarticulé avec une seule idée en tête : avancer ! Dès que je fais une pause, j’ai froid, mon corps se refroidit, les douleurs sont pires en redémarrant. J’approche de Lyon et bientôt, j’aperçois les arrêts de bus TCL, encore des tentations pour abandonner. C’est comme tendre une glace à l’enfant gourmand que j’étais, difficile de résister… mais ce serait mal me connaître ! Ces arrêts étaient comme un moteur : « Si je suis arrivés à celui-ci, je peux bien atteindre le suivant ! ». Et c’est de cette façon que je suis arrivé jusqu’à Caluire et les quais de Saône aménagés… Encore 4-5 km !
Sur les 5 premiers jours, tous les 500 mètres j’avais droit à un point kilométrique correspondant à la distance qu’il restait à la Saône pour se jeter dans le Rhône à Confluence. C’était horrible mentalement mais en même temps, ça me permettais de savoir où j’en étais. Parfois, j’en loupais quelques uns et j’avais une bonne surprise lors de l’annonce du kilométrage Et puis, plus rien quand on commence à s’approcher de Lyon.
Ce sont les derniers hectomètres donc. Il a fallu se remobiliser. Mes parents partent pour 17 h rejoindre nos amis à la montagne, j’ai 1h de transport pour rentrer, il est 14h45 :c’est jouable ! L’entrée dans Lyon est toujours aussi splendide par la Saône, je ne la connaissais qu’en kayak mais c’est encore autre chose. En plus j’ai eu le droit à quelques rayons de soleil pour sublimer le tout : Lyon 1er en rive gauche, Lyon 9 puis Lyon 5 et la basilique de Fourvière en rive droite : voilà pourquoi je suis fan de cette ville : tous les quartiers ont leur charme et se tirent la bourg pour être devant au classement : je ne saurait lequel choisir…
Au final, je suis arrivé chez moi à temps, assez pour prendre une douche, le luxe ! Et j’ai pu passer le réveillon à la montagne avec amis et famille, tout est bien qui finit bien !
Une anecdote : je me suis arrêté le 2e jour à Tournus boire un café : les habitués et la serveuse m’ont pris pour un SDF bourré et vous savez pourquoi je le prends « bien » ? Au vu de ma dégaine et de mon élocution pendant l’effort, c’était ce qui semblait le plus probable. Comment exiger de la tolérance des autres, si moi-même je ne le suis pas avec eux !? Je sais que la colère n’arrangera rien pour moi, l’indifférence m’a semblé le meilleur outil à ce moment là… Après tout, encore une fois, il y a des cons partout ! Ceux qui viennent spontanément vers moi, c’est avec eux que je veux discuter car ils ont déjà fait ce premier pas d’ouverture… Avec un peu de recul, je me dis qu’il faut vraiment que je réfléchisse à une réplique originale qui fera réfléchir toutes ces personnes, sans qu’on retienne la colère… Pas facile… Des idées ? Cette histoire me motive en tout cas pour continuer à diffuser mon message de tolérance !
Mon périple de 6 jours m’a au moins confirmé une chose : le mental fait toute la différence, je le savais déjà mais je ne l’avais jamais expérimenté à ce point ! Ca m’a vraiment permis de comprendre la différence entre les bons athlètes de haut niveau, et les très bons… En faite, le dépassement de soi, il se fait avant tout dans la tête et il n’a surtout pas besoin d’être physique !
Et pour finir, une autre réflexion, initiée par une rencontre mi-décembre, a pu continuer lors de ce périple (quand l’esprit se détache de la tâche à accomplir, la distance avance sans qu’on s’en rende compte et le cerveau tourne en accéléré dans pleins de direction…) : moi qui disais toujours que le but de mes actions était d’oser sortir de ma zone de confort, est-ce que finalement, ce n’est pas cet inconfort que je recherche ? Mon confort à moi ne serait en faite pas « LE confort » dont tout le monde parle ? Je n’ai pas encore toute la réponse, j’espère que les prochains défis me l’apporteront. Ce qui est vraiment super, c’est de voir que j’évolue et que j’ai encore tellement de chose à apprendre… Quand je vous parlais de chemin et non de destination…